Le dernier western : Les personnages – Cole Travis

Cole Travis est le personnage principal du roman, celui autour duquel se rattachent toutes les intrigues et tous les autres protagonistes. Ancien soldat de l’US army ayant servi en Irak et en Afghanistan, il décide de rejoindre la police de San Francisco pour s’installer avec sa femme et leur bébé (Lucy) dans le nouvel état indépendant de Californie. Malheureusement, un drame terrible le fait sombrer dans la boisson, les abus de psychotropes et la violence. De plus en plus incontrôlable, il s’écarte des règles imposées par sa fonction et dérive vers un personnage sombre et dangereux, amer et brisé. Le personnage que l’on découvre au début du roman est un homme détruit, qui titube au bord du gouffre. Le récit du dernier western est celui de sa possible rédemption. Y parvient-il ? Il faut lire le roman pour le découvrir…

Physiquement, je l’ai imaginé comme un mélange de Bruce Willis et Jason Statham. Voici sa description extraite du roman :

Grand, large d’épaules, Cole Travis avait la carrure d’un sportif professionnel à défaut d’en avoir l’hygiène de vie ou le salaire. Ne supportant pas de voir ses cheveux se clairsemer, il préférait se raser le crâne. Ses traits étaient secs, comme coupés au couteau, ses yeux noirs surmontés de sourcils le plus souvent froncés. Son nez busqué plusieurs fois cassé parachevait le portait d’un homme dur qu’on aurait pu prendre pour un boxeur pro, un acteur de films d’action ou bien un membre des forces spéciales.

Influences

Pour ce personnage, j’avais plusieurs influences en tête. Bruce Willis dans le troisième volet de Die hard (Die hard with a vengeance), avec quelques années en plus et l’humour en moins. Le dernier western n’est pas un roman d’action rigolo, mais un polar / thriller noir.

On trouve aussi une touche de Jason Statham dans Homefront, à travers l’histoire d’un père prêt à tout pour sauver sa fille. Le film est consternant, c’est clair, mais il cultive ce côté puéril et jubilatoire de don’t mess with my girl, punk, dont je me suis un peu servi. Attention cependant, si vous espérez trouver dans Le dernier western un énième récit de gros balèze invincible : Contrairement à Bruce Willis ou Jason Statham, Cole Travis est un homme faillible, et s’il endosse par moments le costume de héros d’action, c’est pour mieux le délaisser au chapitre suivant.

On trouve ensuite chez Cole Travis une touche de Walter White évidente (je ne vous spoile pas pourquoi, mais ça vient dans les premières pages du bouquin), et parce que Walter White / Heisenberg est le personnage le plus badass jamais créé. Walter White, le chimiste de la série Breaking bad, est un personnage ambivalent, un héros qui fascine tout en étant haïssable. C’est ce que je voulais faire avec Cole Travis : dessiner le portrait d’un mec torturé. Son idéal de justice a été anéanti par la guerre, par plusieurs drames personnels et par un monde de plus en plus inhumain.

La meilleure scène de la meilleure série de tous les temps

Ajoutons à toute cette popote un petit côté Bad lieutenant, mais que j’ai très fortement atténué au cours des réécritures successives. Bad lieutenant (1993) est un film hallucinant d’Abel Ferrara, dans lequel Harvey Keitel interpète un lieutenant de police toxicomane, racketteur professionnel, pourri jusqu’à l’os et dénué de toute morale. C’est un film dérangeant au possible puisque l’on voit un défenseur de la loi utiliser son pouvoir pour satisfaire toutes ses pulsions. Le film est tourné caméra au poing, dans la rue et en lumière naturelle. Harvey Keitel a avoué qu’il était défoncé du matin au soir lors du tournage (comme toute l’équipe) et son interprétation est l’une des choses les plus stupéfiantes que j’ai vues au cinéma.

La première mouture du Dernier western était si sombre que le personnage de Cole Travis en devenait totalement antipathique. Ce peut être un exercice de style, mais en balançant par la fenêtre toute sympathie pour lui, je fermais les portes du roman à un paquet de lecteur, et en plus je me dégoûtais moi-même d’écrire cette histoire. L’auteur, tout comme le lecteur, a besoin de s’identifier aux protagonistes, pour contrebalancer les antagonistes. Tout en prenant soin d’éviter le manichéisme d’une confrontation bien / mal qui m’a toujours hérissé le poil.

Pour terminer, l’amateur de polars américains trouvera quelques similitudes avec Dave Robicheaux, le policier de la Louisianne créé par James Lee Burke. C’est peu dire que ses romans m’ont marqué, et plus ou moins consciemment, cela s’est ressenti sur l’écriture de ce roman. Je ne le nie pas et j’aurais même plutôt tendance à le revendiquer. Comme référence, il y a pire ! Cole et Dave partagent pas mal de traumatismes ainsi qu’une fâcheuse tendance à enfreindre les lois qu’ils sont censés défendre, en vertu d’une lecture personnelle de l’idéal de justice auquel ils aspirent. Évidemment, ils sont américains tous les deux et sont confrontés aux cauchemars et aux fantômes de cette nation.

Au final, Cole Travis est un personnage ambivalent, qui s’est perdu en chemin. Un homme torturé, rongé par le doute, en proie à des démons que les évènements extérieurs vont peut-être forcer à confronter. Sa quête dessine le fil rouge de tout le dernier western et j’espère qu’il vous marquera et que vous apprécierez de suivre ses traces, avec le même plaisir que j’ai pris à les écrire.


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